Avez-vous remarqué à quel point dans notre société, on se définit par notre métier ? Personne n’y échappe, et lorsque l’on rencontre de nouvelles personnes, LA question arrive très vite dans la discussion : « Tu fais quoi dans la vie ? »
Moi, je suis magnétiseuse. Et régulièrement, ma réponse déclenche un blanc, suivi d’un : « C’est un métier ? » auquel je réponds poliment (et avec le sourire en plus) : « Oui, c’est le mien ». Mais la réponse plus complète, c’est celle qui suit dans cet article !

C’est quoi un « vrai métier » ?
Définition
Puisque mon « métier » a l’air de poser question, j’ai quand même tenu à aller vérifier ce qu’en pense notre ami Robert :
métier |
nom masculin |
Genre de travail déterminé, reconnu ou toléré par la société et dont on peut tirer des moyens d'existence. |
Officiellement, l’activité de magnétiseur n’est pas reconnue puisqu’il n’existe à ce jour aucun diplôme d’état permettant de s’y former. Je pense cependant que mon activité est « tolérée par la société », puisque je n’ai pas encore été arrêtée pour son exercice… C’est déjà un bon début. Et puis franchement, il y a bien des « ScrumMaster » agiles sur LinkedIn, au moins ma profession s’écrit en français !
Pour clore le débat, j’exerce mon activité de façon déclarée contre rémunération. Je suis immatriculée au répertoire INSEE, je paye mes cotisations auprès de l’URSSAF, et même des impôts sur ce qu’il me reste. J’ai un compte pro auprès de ma banque, et je souscris une assurance professionnelle. Si j’avais voulu que le magnétisme reste un hobby, je ne me serais certainement pas embêtée avec toute cette paperasse !
Un "vrai métier" d'après le système scolaire

« Qu’est-ce que tu voudras faire quand tu seras grand ? »
Vous souvenez-vous de ce que vous avez répondu à cette question lorsque vous aviez trois ans ? Moi, je voulais être fermière pour pouvoir avoir plein d’animaux. Mon frère voulait être footballeur professionnel, pêcheur et se marier avec Miss France. Ces plans de carrière n’étaient pourtant pas acceptables par Pôle Emploi, mais à l’époque ils avaient au moins le mérite de faire sourire nos parents.
Mais alors, qu’est-ce qui a bien pu faire que je sois dans un premier temps devenue ingénieure agronome, et mon frère « Data Analyst » ? Pourquoi tant de carrières de joueurs de foot brisées ?
Je crois que pour moi, tout a commencé en classe de seconde avec la découverte d’un étrange personnage appelé « conseiller d’orientation ». Je garde comme souvenir que le rôle de ce conseiller n’était pas de nous renseigner sur un métier, mais de nous aiguiller sur la filière à choisir en fonction de nos résultats scolaires (bon en maths : S ; moyen en maths : ES ; nul en maths : L). Une fois le rendez-vous d’orientation terminé, direction la bibliothèque pour aller consulter la Bible en matière de carrières : les guides ONISEP (Office National d'Information Sur les Enseignements et les Professions). Dans ces guides sont référencés les « vrais métiers » reconnus par l’état. A titre d’exemple, dans ma rubrique favorite « je veux m'occuper des animaux », on y retrouve bien sûr le métier de vétérinaire, mais aucune trace de praticiens en médecines douces...

A l’époque, le messie ONISEP m’a donc orientée vers une filière scientifique, puis une classe préparatoire aux grandes écoles afin de passer le concours pour devenir vétérinaire. Mais voilà, j’ai loupé les oraux et je me suis retrouvée par un jeu de passerelles dans une école d’agro. La suite, vous la connaissez !
Qu’est-ce qu’un magnétiseur ?
La façon dont je définis mon métier
J’ai choisi le terme magnétiseur parce qu’il représente pour moi le fait de transmettre de l’énergie par les mains. Je travaille sans toucher les humains ou animaux que j’accompagne : je maintiens mes mains à quelques centimètres du corps et je ressens une sensation particulière dans mes paumes selon les endroits au-dessus desquels je passe (variations de densité, picotements, doigts qui tremblent…).
Cette pratique me permet d’apporter un soulagement, tant sur le plan physique (douleurs diverses et problèmes de peaux) que sur le plan émotionnel (problèmes de sommeil, anxiété, baisses de moral…). Je ne prétends aucunement remplacer un médecin ou un vétérinaire, n’ayant d’une part aucune connaissance en médecine, et le magnétisme n’étant d’autre part pas une science exacte. Ma plus grande satisfaction réside donc dans le fait d’avoir des retours positifs de mes clients, ce qui me permet d’apporter une certaine objectivité à ma pratique « non palpable ».
Dans quelle case ranger les magnétiseurs ?
Pour moi c’est pourtant simple, je suis magnétiseuse. Mais quand il s’agit de rentrer dans les cases des administrations, ça se complique !
Tout a commencé avec la création de mon autoentreprise sur le site de l’URSSAF. A ceux qui pensent que mon métier n’en n’est pas vraiment un, sachez que l’activité « magnétiseur » existe sur leur site ! J’ai donc bien reçu mon papier officiel avec mon numéro de SIRET m’informant que je faisais partie de la classe des « Activités de santé humaine non classées ailleurs ». Ça sent un peu la case fourre-tout, mais ça reste du fourre-tout axé autour de la santé. Et puis, suite à un déménagement impliquant un changement de numéro de SIRET, j’ai reçu un nouveau papier m’indiquant que je faisais désormais partie d’une autre catégorie : la surprenante classe 9609Z, comprenant les astrologues et spirites, les sophrologues, les services pour animaux, les tatoueurs… je cherche encore la cohérence dans tout cela, mais au moins si demain je veux vous tatouer un animal totem suite à une vision mystique, je peux !

Une fois mon SIRET en poche, direction la banque et l’assurance pour bien finaliser les choses. Tu sais que tu assumes ton métier quand tu demandes à un homme en costard-cravate d’ouvrir un compte pro pour ton activité de magnétiseuse. Et ça passe ! A ce détail près que chez les banquiers et les assureurs, je suis plutôt « énergéticienne ». Si ce n’est qu’une question de vocabulaire… c’est quand même bien plus proche de mon activité que le tatouage.
La palme du déni de profession revient à la mairie dans laquelle je me suis mariée. Peu de temps après avoir déposé le dossier de mariage, l’employée de mairie m’a fait parvenir l’ébauche de l’acte pour relecture. A ma grande surprise, je n’étais plus magnétiseuse mais « entrepreneur ». Pourtant sûre d’avoir correctement renseigné ma profession lors de l’élaboration du dossier, je me suis donc rendue en mairie pour faire part de mon souhait de correction. L’employée s’est justifiée en m’expliquant que magnétiseur, cela rentrait dans la catégorie des entrepreneurs. J’ai donc dû lui expliquer la différence entre profession et statut juridique, en lui suggérant dans ce cas de remplacer la profession de mon futur mari par « salarié »… Je ne saurai jamais ce qui a motivé une telle prise d’initiative de la part de cette employée de mairie (peut-être que certains métiers ne sont pas assez bien pour apparaître dans des actes officiels ? Peut-être pour éviter la honte au maire de marier publiquement une sorcière ?), mais j’ai finalement obtenu gain de cause.
En l’an de grâce 2019, une commune a osé marier une magnétiseuse sur la place publique, là où j’aurais pu être brûlée vive quelques siècles plus tôt. Ouf !


Affirmer sa valeur parmi les professionnels du bien-être
Même parmi les professions dites « du bien-être », les magnétiseurs font parfois office de vilains petits canards. En témoigne un mail surprenant reçu par un annuaire en ligne spécialisé en théorie pour les gens comme moi.
Les magnétiseurs sont exclus, merci de votre compréhension
Mail authentique reçu en février 2021, dont l’objet s’intitule : « Désactivation de votre compte ». Le prénom de l’auteur et le nom de l’annuaire ont été (un peu) modifiés.
Bonjour Diane, Suite à de récents incidents, Bloreli a pris la décision de retirer la profession de Magnétiseur de la liste des professions référencées sur la plateforme. Ainsi, nous tenions à vous informer que votre profil a été désactivé. Merci pour votre compréhension. Je vous souhaite une excellente continuation. Bien à vous,
Rémi de Bloreli |
Aussi simple que cela ! Le « merci pour votre compréhension » sonne comme un « merci de ne pas répondre, c’est comme ça ». J’imagine déjà la tournure d’un mail de licenciement envoyé par Rémi :
Bonjour Julien, Suite à un récent incident t’impliquant, tu es viré. Ton contrat de travail a été désactivé. Merci pour ta compréhension et bonne continuation à toi, Bises, Rémi |
Magnétiseuse et fière de l'être !
Dommage Rémi, je ne suis pas salariée mais cliente de ta plateforme, et voilà ce que j’avais envie de te répondre :
Bonjour Rémi, J'ai bien reçu votre mail, et je me permets de vous répondre très franchement que non, je ne comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi Bloreli a décidé de retirer les magnétiseurs de sa plateforme. Don Miguel Ruiz (1) nous dit pourtant de ne pas faire de suppositions, mais je ne peux m'en empêcher au vu de l'argument flou avancé. Pourquoi un magnétiseur n'aurait pas sa place parmi les autres professionnels du bien-être ? Est-ce une question de valeur ? Un magnétiseur, c'est moins bien qu'un naturopathe ou qu'un professeur de yoga ? Est-ce une question juridique, ou d'assurance ? Ou bien alors, avez-vous eu un mauvais retour avec les deux autres magnétiseurs présents sur votre plateforme ? Nous étions trois au moment de mon inscription sur votre site, je me demande bien ce qui nous a coûté l'élimination lors du conseil de Bloreli... Mon profil est donc tout simplement désactivé. N'ayant pas eu de rendez-vous grâce à votre plateforme, ce n'est pas le manque à gagner qui me chagrine. Je suis juste étonnée que mon profil soit supprimé en un coup de baguette magique alors que tant d'efforts ont été déployés de votre côté pour me faire m'inscrire sur cette plateforme. Vous avez pris contact avec moi sur LinkedIn le 27 avril 2020 pour me présenter votre projet, puis vous m'avez relancée en fin d'année pour m'annoncer le lancement de la plateforme. Votre commerciale, Mme. X., m'a contactée par mail et par téléphone le 04 janvier 2021 pour finalement me convaincre de créer mon profil. Ce que j'ai donc fini par faire. Et puis finalement, ma profession ne rentre pas dans les cases de votre annuaire bien-être... Je n'en fais pas une affaire personnelle, je me doute bien que je n'y suis pour rien. Je n'ai peut-être pas choisi le bon métier ? En fait non, je suis plutôt définitivement convaincue que ce sont les annuaires en ligne qui ne sont pas du tout adaptés à mon métier. A moins d'être médecin et de s'inscrire sur Doctolib, je pense que ça ne vaut pas le coup. Je vous remercie donc de m'avoir définitivement ouvert les yeux sur les annuaires dédiés en ligne. Merci également de m'avoir inspiré le titre de mon prochain article de blog : "Magnétiseur, un vrai métier ?" que je vous inviterai bien sûr à découvrir prochainement sur LinkedIn ! Je n'attends pas forcément de réponse de votre part et vous souhaite également une belle continuation,
Diane Bourin Magnétiseuse et fière de l'être |

Image de marque oblige, j’ai dû réfléchir à plusieurs fois afin de produire à la fois un mail politiquement correct et un tantinet sarcastique. En tout cas, Rémi ne m’a pas répondu (mais peut-être réagira-t-il à la lecture de cet article ?).
Pour conclure, je dirais que peu importe le métier choisi lorsque l'on est entrepreneur, l’important est de s’épanouir quel que soit le code APE que nous a attribué l’INSEE. Je suis fière d’être magnétiseuse et « d’entreprendre selon qui je suis » (2).
(1) Don Miguel Ruiz est l'auteur du livre à succès Les Quatre Accords Toltèques
(2) Citation attribuée à Nicolas Brichet, un chouette type !
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