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Synchronicité, chat et dalaï-lama

Le titre de cet article vous paraît étrange ? Pourtant, il s’agit bien de tout ça à la fois : comment, par un concours de circonstances, j’ai trouvé un chat abandonné sur le bord de la route. Comment ce chat s’est avéré être un chat de race bien mal en point, et comment j’ai fini par le baptiser du même prénom que le chat du célèbre livre de David Michie, Le chat du dalaï-lama  ! 

chaton siamois aux yeux bleus allongé sur un dossier de canapé couleur crème

Il n’y a pas de hasard…

« Dans la psychologie analytique développée par le psychiatre suisse Carl Gustav Jung, la synchronicité est l'occurrence simultanée d'au moins deux événements qui ne présentent pas de lien de causalité, mais dont l'association prend un sens pour la personne qui les perçoit. »

Wikipédia

Autrement dit, la synchronicité fait référence au sens que nous donnons à plusieurs événements qui n’ont apparemment rien à voir les uns avec les autres. Un exemple ?

Le premier décembre 2020, jour officiel de l’ouverture des calendriers au chocolat, mon mari (Franck) et moi prenons la voiture pour rejoindre une bénévole de l’association de protection animale dont nous faisons partie. Notre mission : récupérer une caisse de transport pour chats, que nous devrons rapatrier sur Rennes dans les jours qui suivent (écrit comme ça, ça fait un peu trafic d’animaux…). La jeune femme habite près de chez nous. Nous la rejoignons à mi-chemin de nos domiciles respectifs, et nous récupérons la fameuse caisse (vide !). 

Quitte à être sortis, nous en profitons pour aller faire quelques courses sur Fougères. Nous continuons donc sur cette route de campagne, que nous empruntons en moyenne une fois par trimestre depuis que nous nous sommes retrouvés nez à nez avec un taureau limousin en sortie de virage… Moins de cinq minutes après avoir repris la route, nous apercevons un animal sur le bas côté. Il est minuscule ! Franck pense à un oiseau. Je ralentis pour mieux le voir : c’est un chat ! Pas le temps de réfléchir, je freine et m’arrête en catastrophe au plus près de moineau-chat. Mon mari saute de la voiture et part à la poursuite de la bête. Le temps de mettre les warnings, je descends et le rejoins avec la caisse de transport. Elle ne sera pas restée vide très longtemps…

chaton siamois recroquevillé dans le fond d'une caisse de transport grise.
Le chaton rescapé dans sa caisse de transport - © Franck Lechartier

 

Une fois remontés dans la voiture, Franck observe le chaton dans le fond de la caisse qu’il maintient sur ses genoux. Il est inquiet : le chat est vraiment minuscule, il a sûrement moins de deux mois. Pire que ça, le petit animal saigne d’un peu partout sous le ventre et les postérieurs. Franck appelle la clinique vétérinaire des Marches de Bretagne et leur annonce que nous déboulons d’ici dix minutes avec un chaton accidenté. Après avoir raccroché, il me regarde et me dit : « On est d’accord que c’est pas un hasard si on vient de récupérer une caisse de transport juste avant de le trouver ?! On nous l’a envoyé pour qu’on le sauve ! Ce serait injuste qu’il meurt d’ici à ce qu’on arrive à la clinique… »

Le chat du dalaï-lama

Effarant diagnostic

Commençons par la (relativement) bonne nouvelle : le chaton ne s’est pas fait taper par une voiture. Ses blessures sont dues à des morsures… de rats ! Le vétérinaire est formel : les coupures sont nettes et superficielles, et un chien l’aurait tué. Ça, c’était pour la bonne nouvelle.

Pour le reste, notre petit oiseau pèse 650 g tout mouillé et il est extrêmement maigre. Une caresse sur le dos et on sent toutes les vertèbres. Il a un ou deux mois, et déjà en retard de croissance. L’examen cardiaque est rapide : le vétérinaire n’a même pas besoin de son stéthoscope pour diagnostiquer un énorme souffle au cœur. Autre point : il s’agit certainement d’un siamois pure race ! Notre chaton est donc probablement né chez des éleveurs. Je n’épiloguerai pas ici sur les scénarii de vie qui ont pu conduire ce chat dehors, en état de malnutrition et blessé. Un chaton tout seul dehors sur la route, c’est juste anormal. Il passera la nuit au chaud à la clinique.

chaton siamois sur une table de soin de vétérinaire.
Examen du chaton à la clinique vétérinaire - © Diane Bourin
chaton siamois amaigri vu du dessus sur une table vétérinaire bleue.
Vu du dessus, on dirait une petite caille - © Diane Bourin

Nous récupérons notre petite protégée 24 heures plus tard. Et oui, dans le feu de l’action on n’avait pas regardé, mais c’est bien une fille. Apparemment, son cas a animé les discussions au sein de l’équipe vétérinaire depuis la veille. L’un d’eux a eu de sérieux doutes sur son retard de croissance, et après examen dentaire, il s’avère que mademoiselle a ses dents d’adulte : son âge est finalement estimé entre six et huit mois ! 650 g à cet âge-là, c’est juste insensé… Et il est impossible de dire dans quelle mesure ce retard est lié à son souffle au cœur, qui l’a très certainement handicapée, ou à la malnutrition.

Nous rentrons finalement chez nous avec la petite princesse, un peu sous le choc de telles révélations. Nous sommes prévenus : tout ce que nous pouvons faire dans l’immédiat, c’est du « nursing », c’est-à-dire nous occuper d’elle de notre mieux le temps de voir si elle sera capable de reprendre du poids (et sa croissance ?), sachant que son espérance de vie sera certainement courte (terme qui reste tout de même assez vague : quelques semaines ? quelques mois ? quelques années ?...) 

Protéger tous les êtres vivants sensibles

Dès l’instant où nous installons cette petite minette à la maison, nous sommes sûrs d’une chose : peu importe le temps qu’elle aura à vivre, nous nous en occuperons de notre mieux. Nous lui offrirons la meilleure vie possible. Parce qu’elle mérite de vivre aussi bien que nos trois autres chats, nos deux chiens et notre lapin, même si notre maison prend peu à peu des allures de refuge de SPA.

Ce sauvetage me fait grandement penser à l’histoire du Chat du dalaï-lama, de David Michie. Dans ce livre, le dalaï-lama recueille une chatonne qu’il trouve très mal en point dans les rues de New Delhi. Après l’avoir installée bien au chaud sur une chaise dans son bureau, il reçoit en rendez-vous un professeur d’histoire, avec lequel il discute de la valeur que les humains accordent à la vie. Je vous partage ce passage, car il illustre tout à fait ma façon de considérer les êtres vivants.


couverture du livre "Le chat du dalaï-lama" de David Michie aux éditions Leduc.s

« Le professeur planchait sur un tome dédié à l’histoire indo-tibétaine et il semblait contrarié de voir qu’il n’avait pas toute l’attention du dalaï-lama.

- Un chat errant ? S’exclama-t-il, après que Sa Sainteté lui eut brièvement expliqué la raison pour laquelle j’occupais le siège entre les deux.

- Oui, confirma le dalaï-lama, avant de répondre, pas tellement à ce que le visiteur avait dit, mais au ton sur lequel il l’avait dit. […] Vous savez professeur, ce chaton égaré et vous-même avez une chose très importante en commun.

- Je ne saurais dire quoi, répondit calmement le professeur.

- Votre vie est la chose la plus importante pour vous, dit Sa Sainteté. Même chose pour ce chaton. […]

- Vous n’iriez quand même pas jusqu’à dire que la vie d’un être humain et celle d’un animal ont la même valeur ? risqua-t-il.

 

- En tant qu’êtres humains, notre potentiel est beaucoup plus grand, bien sûr. Mais parce que nous voulons tous demeurer en vie, parce que nous nous accrochons tous à notre expérience consciente particulière, sous cet angle, il n’y a pas de différence entre l’être humain et l’animal. […] Pour nous tous qui sommes dotés d’une conscience, dit le dalaï-lama en retournant à son fauteuil, notre vie est très précieuse. Par conséquent, nous devons protéger tous les êtres sensibles autant que possible. Nous devons aussi reconnaître que nous avons tous, à la base, deux désirs en commun : le désir de vivre heureux et le désir d’éviter les souffrances. […] Nous partageons tous ces deux désirs. Mais la façon dont nous recherchons le bonheur et tentons d’éviter les désagréments est aussi la même. Qui parmi nous n’apprécie pas un bon repas ? Qui ne souhaite pas dormir dans un lit confortable et en toute sécurité ? Auteurs, moines ou chatons égarés, tous sont égaux de ce point de vue. […] Mais plus que tout, ajouta le dalaï-lama en se penchant pour me caresser avec l’index, nous voulons tous être aimés. »

 

Le chat du dalaï-lama, David Michie



Un prénom en « R »

Dans le livre, le chat du dalaï-lama n’est pas un simple chat de gouttière : il s’agit en fait d’une chatte de race himalayenne, volée par de jeunes enfants qui ont vu en elle l’opportunité de gagner quelques roupies. Notre protégée, elle, serait une siamoise. Le croisement entre un siamois et un chat de race persan donne… l’himalayen ! 

Chat de race himalayen en gros plan. Il a les yeux bleus. En arrière-plan, des barrières blanches sur fond de pelouse.
Chat himalayen - photo Canva Pro.

La ressemblance est donc bien-là, entre l’histoire de sauvetage de ces deux chatons et leur aspect physique. Alors quand il a fallu trouver un prénom à « chaton », nous n’avons pas eu à réfléchir bien longtemps, c’était déjà tout trouvé : elle s’appelle Rinpoché

Rinpoché est un titre honorifique dans le bouddhisme tibétain qui signifie « précieux ». Il n’y a pas de hasard : 2020 est l’année des « R » pour les chats.

Chaton siamois en gros plan dans un panier gris.
Rinpoché, 15 jours après son sauvetage - © Diane Bourin

empreintes de pattes de chat de couleur dorée.

« Se levant de sa chaise, le dalaï-lama s’est approché pour me caresser.

- Vous savez, Tenzin, si parfois je travaille à mon bureau trop longtemps, notre petite lionne des neiges vient et elle se frotte contre mes jambes. Parfois, elle mord même mes chevilles jusqu’à ce que je m’arrête. Elle veut que je la prenne et que je lui dise bonjour afin que nous passions quelques moments ensemble, juste tous les deux.

 

Pour moi, poursuivit-il, elle est une merveilleuse façon de me rappeler qu’il faut vivre le moment présent, être dans l’ici et maintenant. Que pourrait-il y avoir de plus précieux ? Alors je suppose – et il me regarda avec cet amour océanique – qu’elle est ma Rinpoché, à moi aussi. »

Le Chat du dalaï-lama, David Michie



Que vous soyez un amoureux des chats ou non, j’espère que cette histoire vous aura touché. Et qui sait, peut-être y penserez-vous le jour où vous croiserez un chaton sur votre route… 

 

Si l’histoire de la petite Rinpoché vous plaît, partagez-là au plus grand nombre !

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Diane Bourin

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